Le rapport préconise notamment d'obliger les plateformes et réseaux sociaux à demander le consentement des usagers avant de leur proposer du contenu en fonction d'un algorithme.
( AFP / KIRILL KUDRYAVTSEV )
La "perception française et européenne" du "danger" des ingérences étrangères est "encore partielle et parfois naïve", estime mercredi 3 décembre un rapport parlementaire, alors que l'émergence de l'intelligence artificielle a révolutionné la création des contenus en ligne. Le rapport appelle à renforcer les moyens ou à imposer aux plateformes de suspendre des contenus poussés par les algorithmes avant les élections.
Les rapporteurs appellent également à envisager "une labellisation de l'information" sur le modèle du Nutri-score, mais pour les médias.
"L'irruption de l'intelligence artificielle dans les opérations d'ingérence étrangère constitue une révolution" , rappellent les rapporteurs, la députée Laetitia Saint-Paul (Horizons, droite) et le socialiste Alain David. L'IA permet "un saut de productivité inédit, une explosion simultanée de la qualité et de la quantité des contenus créés, ainsi qu'un véritable effondrement du prix de production".
Mais la "perception française et européenne" de ce "danger" est "encore partielle et parfois naïve", ajoutent-ils, en regrettant la "dépendance" de l'Europe aux "technologies étrangères" et la "perte de vitesse" des pays européens "dans la course mondiale au développement de l'IA".
Moyens "insuffisants"
Les "moyens opérationnels de contre-ingérence ont été renforcés mais paraissent encore insuffisants", notent aussi les rapporteurs.
Face à ce constat, ils proposent notamment de "rendre obligatoire le consentement aux algorithmes" sur les plateformes et réseaux sociaux. L'idée est de permettre à "l'usager de reprendre la main", détaille à l' AFP Laetitia Saint-Paul : ce serait à lui de "décider s'il souhaite voir du contenu en fonction d'un algorithme".
L'obligation faite aux plateformes "pourrait prendre la forme d'un consentement explicite sur le modèle de ce qui est appliqué pour les cookies des sites internet", précisent les députés.
Parmi leurs autres propositions: l'instauration d'une "'réserve algorithmique pré-électorale'". L'objectif serait d'enjoindre aux "plateformes de suspendre temporairement", avant chaque scrutin, la mise en avant de contenus auxquels l'utilisateur n'est pas abonné, poursuit la députée Saint-Paul.
Cette mesure viserait à "préserver la sincérité du vote et éviter les manipulations" , comme lors des dernières élections présidentielles en Roumanie où des manipulations de l'algorithme TikTok ont été dénoncées par les autorités.
Les députés plaident enfin pour renforcer les moyens de l'agence française de cybersécurité (Anssi), et de Viginum, le service chargé de surveiller les ingérences étrangères numériques.
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